Il y a 20 annees, Christine Deviers-Joncour publiait dans Match les bonnes feuilles de le brulot au titre provocateur.
C’est une scene piquante, rapportee il y a certains annees par notre reporter Caroline Pigozzi. « Tout le monde la guettait du bout du couloir lorsque Christine Deviers-Joncour est apparue a Paris Match au septieme etage. Robe moulante noire legerement transparente, tout juste decolletee, petits pompes, aucun bijou, peu de maquillage. D’une voix douce, limite embarrassee, elle a raconte son histoire a l’equipe de journalistes qui suivait votre sulfureuse affaire Elf. Uniquement des hommes. qui, meduses, se lancaient des regards furtifs quand elle croisait et decroisait ses jambes ou faisait plusieurs mouvements d’la tete concernant degager son epaisse chevelure brune. Celle qui s’est elle-meme baptisee ‘la putain en Republique’ veut se justifier par voie comptables. Ainsi apres avoir seduit Roland Dumas, elle doit maintenant charmer Roger Therond, le patron de Paris Match, et lui ‘vendre’ le scoop. »
Mission reussie, Christine Deviers-Joncour fera la couverture de Paris Match, en novembre 1998. « Comme les chats dont elle a le regard, Christine Deviers-Joncour a plusieurs vies », ecrit aussi notre magazine. L’une d’elles l’a menee a Fleury-Merogis, ou elle vient aussi de perdre cinq mois en detention preventive. La justice Notre soupconne alors (elle sera definitivement condamnee en 2003 Afin de recel d’abus de biens sociaux) d’avoir ete engagee par Elf pour sa proximite avec le ministre des Affaires etrangeres Roland Dumas, dont cette dernii?re reste la maitresse. Chargee de relations publiques, elle aurait percu, sans veritable justification, « pres de 66 millions de francs » (13 millions d’euros) du petrolier, alors propriete nationale. « Sous le numero de detenue 32858, la belle Christine est devenue un rouage dans une affaire d’Etat, ecrit bien Match. L’heroine de ce roman grand vient de publier ses Memoires sous le titre provocateur de ‘La putain d’la Republique’ ».
Voici les bonnes feuilles du “Moi, Christine Deviers-Joncour, putain en Republique”, publiees par Paris Match en novembre 1998.
“Notre putain en Republique”
Elle a passe cinq mois et demi a Fleury-Merogis. Au coeur de l’affaire Elf, l’ancienne amie de Roland Dumas est maintenant une femme blessee. Elle publie un livre Afin de dire une verite. Extraits de “La putain de la Republique” de Christine Deviers-Joncour (Editions Calmann-Levy).
Alfred Sirven, le Mephisto
[En 1989, elle est engagee via Alfred Sirven, alors 06 2 d’Elf-Aquitaine, comme chargee de relations publiques.]
La porte s’ouvre. Alfred Sirven entre. Quel homme ! Assez vraiment, le teint bistre, un cou de taureau seeking arrangement site de rencontres, le cheveu grisonnant coiffe en brosse, la soixantaine, le visage burine, jovial, les yeux bleus, les cils noirs retrousses – lorsqu’il en a, cela lui fait un regard de biche qui detonne avec sa personnalite – et, au milieu de la bouche, un enorme cigare. Prenez Fernandel, Raimu, Pasqua et Galabru, secouez fort. vous obtenez Alfred Sirven. Ce Toulousain d’une famille des cachous Lajaunie, qui fut directeur general de Moulinex avant de travailler chez Rhone-Poulenc avec Loik Le Floch-Prigent, a aussitot devoile le type d’homme qu’il etait : un fou de l’entremise. Cela expliquait, avec jubilation, De quelle fai§on pendant des annees y s’etait renseigne dans le quotidien secrete des puissants. Cela se comparait a Machiavel, qu’il aimait citer, se vantant de rester forcement en retrait, d’ou il tenait nos hommes. Il savait seduire et detruire.
Je n’ai aucun bureau. Alfred Sirven me confine dans l’immeuble du 4, rue Robert-Estienne. Il me vais garder ainsi pour lui seul, jalousement. J’suis sa carte Quai d’Orsay. Matin ou jour, et souvent matin et soir, nous avons des seances d’embauche chez lui ou chez moi. A 8 heures – a toute heure -, on sonne. Je sais que c’est lui. L’odeur de le cigare traverse ma porte. Vetu de son eternelle robe de chambre en velours bleu marine frappee du trois Hermes et chausse de babouches, il entre et s’installe. « Bon ! Tu me fais votre cafe ?» Et on attaque. Il parle des choses dont il a besoin : passer des dossiers en priorite au Quai d’Orsay, prendre votre rendez- vous en urgence Afin de Loik Le Floch- Prigent avec Roland Dumas (ce qui m’oblige a aller faire le siege de ses secretaires pour essayer de le saisir entre deux rendez-vous); ou Realiser en manii?re qu’un parent d’Elf-Aquitaine, proposee pour la Legion d’honneur soit decoree via le ministre et non par un chef de cabinet. Ce pouvait etre plus important : lorsqu’un week-end ministeriel se dessinait, il fallait Realiser inviter des hommes d’Elf-Aquitaine. Je faisais part du voyage. Sur place, je devais prendre contact avec les gens qu’il m’avait indiquees et decrites. En fait, Alfred Sirven, qui ne pouvait etre invite si sans probli?me, voyageait via procuration a travers moi. Ses relations avec Roland Dumas n’etaient gui?re au beau fixe. Ces deux hommes vivaient via deux planetes plusieurs.